Troubles Musculo Squelettiques et SINGULARITÉS d'un SERVICE de GÉRIATRIE  de court séjour

SERVICE ET PATIENTS DE GÉRIATRIE

Les services de médecine en gériatrie sont des Unités Fonctionnelles de médecine de court séjour. Ils sont soumis à la contrainte de la durée de séjour qui doit être la plus courte possible 10 à 11 jours en moyenne Trivalle (2002). Le Professeur Salles attire l’attention sur ce type de service où les hospitalisations sont programmables et non programmables, ce qui sous entend une adaptation constante pour toute l’équipe médicale, para médicale et administrative.  Afin de faire une présentation synthétisée des spécificités d’un service médical de gériatrie nous proposons ici de nous appuyer sur le rapport dirigé par Jeandel, Pfitzenmeyer et Vigouroux (2006) :

   Une vague démographique s’annonce : selon les prévisions de l’INSEE l’effectif des 75 ans ou plus passera de 4.2 à 8.3 millions de personnes entre 2000 et 2030 et celui des 85 ans ou plus de 1.2 à 2.4 millions.

Des besoins de soins croissants et des besoins en soins hospitaliers spécifiques :

-       Plus la population vieillit plus se développent les maladies liées à l’âge

-       Les recours multiples à l’hôpital sont plus nombreux : 36% au-delà de 80 ans

Le patient de gériatrie n’est pas qu’un patient âgé et la population de ces patients est hétérogène :

-       Les patients dits « gériatriques » sont poly-pathologiques (pathologies chroniques, invalidantes à l’origine d’une dépendance physique et ou psychique, présence fréquente de pathologies dégénératives et somatiques)

-       Les patients « chirurgicaux » qui en raison de leur vulnérabilité et des risques de décompensation doivent pouvoir bénéficier d’une hospitalisation en court séjour.

Le patient justifie une approche particulière de soins

-       une approche globale (troubles cognitifs, affectifs, comportementaux, morbidités somatiques)

-       Une approche continue due à des situations d’instabilité, de décompensation, de récupération plus lente. 

 

Les caractéristiques  de cette population de patients ont une incidence directe sur la nature des soins qui leurs sont apportés, une incidence directe sur l’activité de travail, les contraintes et ressources auxquelles les soignants doivent s’adapter. Les risques de TMS dans ce type de service sont donc plus importants .

                   LES SOIGNANTS  ....

Nous nous appuierions  ici sur une étude exploratoire de Cazabat et al. (2008) qui met en avant que  28% des infirmières affirment souffrir de problèmes de santé mentale contre 18% pour l’ensemble de la population salariés. De nombreux travaux ont identifié les facteurs de stress et de charge de travail qui parfois peuvent  se confondre. Les effectifs réduits, la charge de travail qui en découle, l’organisation temporelle, les difficultés relationnelles, la confrontation à la mort sont à la fois des déterminants de stress et de charge de travail. L’approche ergonomique a mis en avant la charge de travail spécifique au secteur hospitalier. Efforts posturaux, manutentions et déplacements de matériel et de malades. L’architecture des locaux, la station debout, les nombreux déplacements participent également à cette charge. De plus, le travail hospitalier comporte une charge cognitive conséquente. Recueillir, traiter, mémoriser, transmettre des informations complexes, nombreuses, fluctuantes (Martin et Gadbois, 2004). La responsabilité, l’incertitude, la pression temporelle accentue encore la charge mentale (Estryn-Behar et Fouillot, 1990 ; Martin et Gadbois, 2004). Il convient de rajouter la fréquence des interruptions de travail qui induisent une segmentation du travail, une réactualisation incessante des priorités et une réactivation de la mémoire incessante.

 

                                           ... DE GERIATRIE 

Le soignant de gériatrie qui adopte une démarche globale va devoir tenir compte des variables biologiques, psychologiques, sociaux et culturels de la personne âgée. La complexité de la prise en soin réside surtout dans la diversité des soins qui peuvent être préventifs, curatifs, palliatifs et qui sont reliés à la chronicité et à la santé mentale. Le soin des patients en manque d’autonomie ou en absence d’autonomie physique et/ou mentale nécessite des connaissances spécifiques et une approche où la notion de temps s’apparente mal au temps gestionnaire.

 

 

Le soin de la personne dépendante ou en manque d’autonomie demande du temps et de l’attention car c’est un moment crucial pour relever les changements physiques, cognitifs susceptibles d’interférer sur l’état général. Autant de paramètres qui engagent des efforts continus du corps et de l’activité cognitive du soignant dans une pression temporelle constante. Se rajoute le rôle éducatif auprès des patients et de leur famille qui est vécu comme chronophage (Ordre National des infirmiers, 2011) Autant de facteurs potentialisant les risques psychosociaux en général et les TMS en particulier.  La confrontation à la souffrance, à la mort et le sentiment d’impuissance qui peut en découler sont partie intégrante d’un service de gériatrie. A propos de la souffrance des soignants en gériatrie le professeur Ploton (2010) la définit comme « une expérience prolongée, désagréable, d’origine physique ou psychologique ayant des effets physiologiques et psychologiques délétères ». Participe à cette « expérience désagréable » un faible retour positifs sur leur travail : les communications avec les patients sont rarement sensées et les familles sont souvent exigeantes, critiques et en stress (Robert, 2005).  Enfin, les soignants sont peu préparés  à affronter leurs émotions (les leurs, celles des patients, celles des familles). Rappelés à leurs tâches habituelles, ils n’ont que peu de temps pour extérioriser leurs sentiments (Stoiber et Boullierce, 1999). Poulin et Bleau (2011) citent les travaux de Bourque et Voyer (2006) pour dire que les soignants œuvrant auprès de patients atteints de démence sont davantage stressés et fatigués et qu’il est aussi reconnu qu’au stress négatif est associé une augmentation du risque de TMS (Kuorinka et Voyer, 2006).

L’absentéisme lié aux TMS est une réalité à laquelle sont confrontés un nombre considérable d’établissements de santé. Certains, ont pris en compte ce problème et ont mis en place des actions : formations, achat de matériel. Toutefois les investissements et les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des résultats. Aussi, pour agir, il est nécessaire de s’appuyer sur les connaissances des déterminants des TMS, d’y associer  la singularité de la population concernée et du contexte de son environnement de travail.

 

Pour en savoir plus : http://cabinetpsychologie-dominiquebaradellolozach.fr ou

dominiquelozach@free.fr